On a décrit déjà les catastrophes qui ont marqué
le 17
Tamouz.
Trois semaines après,
les catastrophes les plus grandes ont
eu lieu le jour du 9 av :
- promulgation de l'interdiction d'entrée en terre d'Israël
pour la génération du désert qui avait fauté
de façon répétée (Dévarim 1, 35 et Taânite
26b).
- incendie du premier Temple (en 586 avant l'ère commune) par
les troupes de Nabukodonozor. Il sera détruit le lendemain (Taânite
29a)
- destruction de Bétar (fortification de résistance des
juifs avec Bar Kokhba), par les Romains (en 135 avant l'ère commune)
et interdiction d'enterrer les milliers de morts.Bétar est actuellement
au village de population arabe de Bathir à 11 kms au Sur Ouest de
Jérusalem. (Le mouvement de jeunesse juif Bétar ne se réfère
pas directement à cet événement mais est l'abréviation
de Bérit Trumpeldor, un leader sioniste qui fonda un mouvement sioniste
en 1923 à Liga en Lithuanie (actuellement Lettonie), basé
sur trois principes, le sionisme, l'acquisition de l'hébreu et l'auto-défense).
- la charrue est passée sur l'emplacement du second Temple,
après sa destruction, par le romain Turnus Rufus (année 68
ou 69 ou 70, avant l'ère commune), selon Taânite 26b.
- de nombreuses autres catastrophes : exterminations par les croisés,
expulsion d'Angleterre en 1290, en 1306 expulsion de France par Philippe
4, décrêt de l'expulsion par les rois catholiques d'Espagne
en 1492 et début de l'expulsion, décisions d'extermination
des nazis dans notre génération, création du ghetto
de Florence en 1571, expulsin des juifs de Vienne en 1670.
- naissance du futur faux messie, Shabetaï Tsvi, à Smyrne,
en 1626.
Les trois semaines qui précèdent le 9 av furent donc
des semaines douloureuses et terribles.
Pour nous, elles seront donc marquées par des
commémorations
de tristesse et de repentir dont les halakhotes pratiques peuvent varier
d'une communauté à l'autre. Il faudra toujours consulter
le rabbin.
Le chabbat avant le 9 av
Il est nommé chabbat 'Hazone, du nom de la haftara
qu'on lit après la paracha Devarim. Cette haftara, comme
les deux précédentes (Divréi Yirmiyahou et
Chimêou) nous rappelle les catastrophes terribles qui tomberont
sur le peuple s'il s'écarte de la Torah de vie pour choisir une
voie de mort. Ces trois haftarotes sont nommés en araméen
: les trois du désastre (Tlata dé pour ânouta)
Après le 9 av, on lira pendant 7 semaines des haftarotes de
consolation, d'où le nom de Chivêa de né'hamata.
Jeûne
Le 9 av est l'un des 5 grands jeûnes (3 Tichri, jeûne de
Guédalia, 10 Tévét, 17 Tamouz
et 9 Av : voir Zacharie 8, 19 ). Cependant, le jeûne du 9 av est
exceptionnel car il est une obligation pour tout Israël, hormis
ceux qui ne peuvent le supporter en raison de leur santé. Ils limiteront
alors au maximum leur nourriture.
A l'avenir, ces 5 dates se changeront en jours de fêtes
(voir
Zacharie 8, 19 et le traité Roche hachana, page 18 b).
Les prescriptions de pénitence
1. A partir du 1 Av (les jours les plus terribles de l'histoire
avant le 9).
- On ne fait plus de réjouissances, ni de mariages (les fiançailles
nécessaires peuvent se dérouler avec repas).
- On n'achète pas d'habits ni objets, hormis les chaussures
qui ne sont pas en cuir et que l'on porterait au 9 Av.
- On s'abstient de manger de la viande (hormis pour un repas de brite
mila, circoncision).
- On ne fait pas de lessive, hormis pour les jeunes enfants et les
malades.
- On ne se coupe pas les cheveux ni la barbe.
- On ne prend pas des bains pour le plaisir, mais uniquement ce qui
est nécessaire pour l'hygiène.
2. Prescriptions pour le 9 Av
- le jeûne total commence au coucher du soleil jusqu'au coucher
du soleil du lendemain (par exemple, à Jérusalem, début
le 21 à 19 h 48 et fin le lendemain à 20 h 12 ; à
Paris, selon le calendrier du Consistoire, début le 21 à
21 h 43 et fin le lendemain à 22 h 34 mais vérifier
si cela tient compte de l'heure d'été),
- pas de relations conjugales,
- pas de chaussures en cuir, ni parfums, ni toilette (hormis quand
on s'est sali, ainsi que pour les jeunes enfants et les malades),
- le soir et le matin, on s'assoit sur le sol ; beaucoup dorment sur
le sol sans oreiller moelleux ;
- le matin, nétilate sur les doigts seulement,
- on ne salue pas ceux que l'on rencontre, mais on peut répondre
si quelqu'un qui ignore vous salue,
- pas de conversation légère ni de plaisanteries,
- on ne travaille pas jusqu'à midi (usage) ; le traité
Taânite 30 b dit que celui qui travaille ce jour-là ne tirera
rien de bien de ce travail.
- la synagogue est presque dans l'obscurité, le rideau (parokhète)
de l'armoire aux rouleaux de Torah (arone haqqodéche) est
changé ou supprimé, les participants assis par terre ou sur
des sièges différents, le ton grave et monotone, on lit les
Lamentations Eikha et des récits plaintifs, les kinote,
variables
suivant les traditions.
- certaines communautés ne mettent ni téfillines ni tallite,
certaines seulement à min'hah.
- les habitants de Jérusalem ont coutume de se rendre au mur
occidental (le kotél) ce jour-là et d'y réciter
les textes.
- les femmes de certaines communautés, comme les yéménites,
utilisent des parfums en liaison avec les textes qui parlent de l'avenir
de fête et de la naissance du Machia'h ben David qui se produira
ce jour-là.
En Israël de nos jours, le non respect de ces coutumes sur
un point si sensible à toute la communauté est parfois exhibé
par quelques personnalités publiques devant les caméras.
Cela est souvent considéré comme un acte de profanation
provocatrice délibérée. Les Sages sont occupés
à autre chose qu'à y réagir, ils continuent à
éduquer.
Les courants réformés américains avaient abandonné
ces coutumes centrales traditionnelles, et ils semblent revenir au consensus
séculaire par des cérémonies particulières.
3. La téchouva personnelle
Il ne s'agit pas seulement de faire des signes extérieurs de
tristesse. Ce sont des aides concrètes pour que l'intérieur
soit attristé par tout ce qui démolit la vie de bonheur
enseignée sur ces trois dimensions :
- Torah de vie (la connaître, l'accepter, la vivre),
- peuple de la Torah de vie (le connaître, l'aimer,
travailler à son unité et à son rassemblement),
- terre de la Torah de vie (la Torah la définit comme
éréts
haqoddéche, la Terre du Saint ; la connaître en tant que
telle, la respecter, ne pas la détruire en tant que telle).
3a. On le voit, il y a un travail personnel à réaliser
sur le plan de l'examen de nos attitudes psychologiques personnelles et
de leurs expressions : réparer toutes ces brèches dans
la réalité.
Mais alors, diriez-vous, quelle est la différence entre cela
et la période qui va de Roche Ha Channa et Yom Kippour .
3b. C'est que le 9 av nous enseigne que il n'y a aucune différence
- entre nos déficiences intérieures et des relations
- et les déficiences concernant la Torah de la terre d'Israël.
C'est la même chose, ces trois formes
de destructions différentes :
- Torah : ceux qui au nom des belles valeurs réelles des
cultures dominantes ont voulu et veulent encore présenter le judaïsme
comme un particularisme dépassé, primitif, fanatique, de
second degré spirituel ou intellectuel, et luttent pour sa disparition
comme système éducatif dans le peuple juif.
- peuple : ceux qui au nom des belles valeurs réelles
de la culture universelle et de la modernité actuelle, prônent
l'assimilation de facto dans les seules valeurs universelles. D'une part,
ils oublient qu'elles ne sont, en fait, qu'une certaine culture impérialiste,
comme le pensent les pays des autres zones culturelles mais cela n'est
pas le plus ennuyeux dans cette position (ma participation aux travaux
internationaux des droits de l'homme me donne l'expérience de cela).
Ce qui est grave, c'est la participation de juifs au processus continu
de destruction de notre peuple comme tel. Et, à l'heure où
tous les peuples reprennent conscience, à juste titre, de leurs
valeurs propres.
- terre : la Torah nous a enseigné que la terre d'Israël
n'est pas une terre comme les autres, c'est uniquement une terre qui est
dans l'humanité le Temple de la présence de Hachém
en Son lieu avec Son peuple vivant selon Sa Torah. Cela pour la bénédiction
de toute l'humanité. Et d'abord dans le respect de la morale envers
ces peuples et les étrangers.
L'épisode des explorateurs
dans le désert nous a enseigné que le désir des
chefs de renoncer à la terre d'Israël va toujours de pair avec
une dégradation de la vérité, de la morale sociale,
de la justice sociale car la terre d'Israël est ce laboratoire. Et
cela concerne la terre d'Israël et pas seulement son centre qui est
le Temple.
Réfléchissons : il y a eu
- des époques où, au nom d'autres valeurs réelles,
le peuple a voulu détruire la Torah et l'abandonner pour s'assimiler,
- des époques où, au nom d'autres valeurs réelles,
le peuple a voulu se détruire en temps que peuple pour s'assimiler,
- des époques où, au nom d'autres valeurs réelles,
le peuple a voulu se détruire en temps que Temple pour s'assimiler,
- des époques où, au nom d'autres valeurs réelles,
le peuple a voulu se détruire en temps que terre pour s'assimiler,
c'est
la nôtre.
Le 9 av, est un rite qui a été institué
pour bien nous faire comprendre que ces 4 différents aspects n'en
sont qu'UN.
Cela est contrariant, il serait tellement agréable de s'en
débarrasser. Mais cela est impossible. Chaque génération
doit assumer.
Rouler sans l'UNE de ces quatres roues de
notre voiture, nous conduirait à la catastrophe, le 9 av nous le
fait méditer SUR LES DOSSIERS HISTORIQUES COMME PREUVES.
MAIS, cela, POUR AMELIORER. Pas seulement
pour commémorer, Pas seulement pour réaliser la fidélité
de l'obligation rituelle.
Espoir
Selon ce que nous avons déjà dit pour le mois de Tamouz
et selon une conception générale dans le judaïsme au
sujet de la conversion du mal en bien, le 9 av
deviendra un jour de fête par la naissance du Machia'h(Traité
Bérakhote de Jérusalem 2,4).
Lecture personnelle de préparation pour tous pour tous :
Vayiqra (Lévitique ) 26, 39-40
Jérémie 26, 18
Zacharie 8, 19
Lecture personnelle pour les étudiants avancés en hébreu
:
Sur les cinq catastrophes : michna Taânite 4,6
Traité Taânite 13 a, 26b et 29 a
Rambam : Michné
Torah, Zémanim, Hilkhote Taâniyote, 4, 5 (volume 3)
Choulkhane Aroukh, Ora'h 'Hayim, 549 et suivants.
Halakha pratique
Pour toute question ou incertitude : une seule règle est d'étudier
soi-même et de s'assurer en questionnant le rabbin, et non les simples
voisins, pour les précisions. Les informations ici données
tombent sous cette règle et ne sont pas des prescriptions.