1. Torah
Un seul jeûne est inscrit dans la Torah, c'est celui du jour
de Kippour (lire Vayiqra 16, 29-31 et 23, 27-32 ; Bémidbar 29, 7...).
Le sens donné relie trois éléments : l'ordre,
la technique (la date, chaque année), l'implication personnelle
("téânou
éte nafchotékhém,vous vous affligerez vous-mêmes,
vous mortifierez vos personnes"), le fait de cesser tout travail (ce qui
est l'instrument qui donne à l'homme le sens illusoire de sa toute
puissance et de son autonomie).
On remarque que le seul mot employé dans la Torah est le mot
de la racine
taanite (mortifier) et non pas le mot
tsom qui
veut dire exactement jeûne. De même dans la littérature
d'étude sur les jeûnes. Cela montre bien que l'élément
spirituel est le principal.
Le jeûne de Kippour dure du coucher du soleil au coucher du soleil
le lendemain (de même que le jeûne de Ticha bé Av, ci-dessous.
Les autres jeûnes durent du lever au coucher du soleil.
Yom Kippour se déroule le jour où il tombe, tout autre
jeûne est décalé quand il tombe un chabbat, il est
dit
"nid'hé" ou repoussé au lundi (voir traité
Méguila 5a). Le jeûne d'Esther est alors anticipé au
jeudi précédent.
2. Le reste du Tanakh
2.1 Le mot tsom (jeûne) apparaît en II Samuel 12,
22 quand David dit : j'ai jeûné (tsamti) et j'ai pleuré.
Cela montre encore l'élément sprituel et montre à
quel point l'implication personnelle de regret des fautes et et de supplication
doit être présente.
En Isaïe (lire 58, 3-10), on trouve les deux termes : "pourquoi
jeûnons-nous (tsamnou) sans que tu t'en aperçoives,
pourquoi mortifions-nous (îninou) nos personnes (nafchénou)sans
que tu le remarques ; c'est qu'au jour de votre jeûne, vous poursuivez
vos intérêts et vous poursuivez vos débiteurs... Mais
voici le jeûne que j'aime, c'est de rompre les chaînes de l'injustice,
de dénouer les liens de tous les jougs, de renvoyer libres ceux
qu'on opprime, de briser enfin toute servitude, de partager ton pain l'affamé,
de recueillir dans ta maison les malheureux sans asile ; quand tu vois
un homme nu, de le couvrir, de ne jamais te dérober à ceux
qui sont comme ta propre chair. C'est alors que ta lumière poindra
comme l'aube...".
Tout est dit là. Que les Juifs qui rêvent d'idéologies
socialistes ou communistes, ou de nouveaux testaments d'amour découvrent
enfin la supercherie de ces soi-disants nouveaux prophètes qui prétendent
renouveler l'homme et les messages divins. Ces Juifs ont dans leur trésor
les enseignements originaux et nobles qu'ils souhaitent. Les autres ne
sont que des pastiches, et parfois des usurpations.
Autre point important : le message des prophètes n'est pas un
message nouveau par rapport à celui de la Torah, ni une nouvelle
étape du développement de la parole divine ; ils ne font
que commenter pédagogiquement la Torah pour leurs contemporains
et pour nous. Et la tradition orale qu'ils ont reçue nous est transmise
aussi de maître à élève depuis lors.
On voit par ces textes que les jeûnes étaient pratiqués.
2.2 Les jeûnes collectifs que nous connaissons sont nommés
par le prophète Zacharie 8, 19 : les jeûnes du 4e mois, du
5e mois, du 7e mois, du 10e mois. Il s'agit déjà
- du jeûne du 17 Tamouz (chute de la muraille du 1e Temple et
prise de Jérusalem ; voir Jérémie 39, 2),
- du jeûne du 9 Av (destruction du Temple ;
voir Jérémie 52, 12-13),
- du jeûne du 3 Tichri (assassinat
de Guédalia ; voir Jérémie 41, 1-2 et II Rois 25,
25),
- du jeûne du 10 Tévét (
début du siège de Jérusalem par Nabuchodonosor ; voir
Jérémie 52, 4... et II Rois 25, 1-2 et Ezéchiel 24,
1-2).
Ces jeûnes sont obligatoires pour les Juifs de plus de 13 ans
et pour les Juives de plus de 12 ans, sauf si on est malade, enceinte ou
allaitant.
On ne fait plus de repas après le lever du soleil au coucher
qui a lieu environ 30 minutes après l'aurore (ce délai est
variable suivant les décisionnaires) mais, si on n'a pas fait de
repas, on peut encore manger et boire modérément entre l'aurore
et le lever du soleil pour mieux tenir le jeûne pendant la journée.
Il n'y a pas d'autres interdits pour ce jeûne.
2.3 Le jeûne d'Esther, le 13 Adar, veille de Pourim.
3. Les jeûnes rabbiniques
Ce sont de nombreux jeûnes facultatifs dits de pénitence
qui se font pendant le mois d'Eloul, les 3 lundi-jeudi-lundi qui suivent
Pessa'h et Souccote, pendant les jours qui séparent Roche ha chana
et Kippour (voir le Choul'hane Aroukh, Ora'h 'hayim 686, 2), le jour de
la mort de Moché Rabbénou le 7 Adar, le jour du Pourim d'une
ville où la communauté a été sauvée
du massacre, quand un rouleau de la Torah tombe sur le sol dans une synagogue,
pour commémorer les victimes du nazisme le 10 Tévét, etc.
4. Les jeûnes privés
- les jeûnes laissés au choix par ascèse (yom
kippour katane) par exemple avant le début du nouveau mois,
ou le jeudi des semaines des parachiyotes entre Chémote
jusque Tétsavé (un moyen mémotechnique rassemble
les lettres initiales de ces parachiyotes : Chovavim tate), ou après
un mauvais rêve, ou pour un anniversaire comme celui de la mort des
parents.
- le jeûne des premiers nés avant Pessa'h, en reconnaissance
du fait que les premiers nés des Juifs ne furent pas exterminés
lors de la 10e plaie d'Egypte. Et aussi pour la tristesse de la mort des
autres.
- les jeûnes des jeunes mariés avant le mariage pour se
purifier.
- etc
Textes à étudier.
- Isaïe 58. Joel 2. Jonas 3.
- Le Traité Taânite. Bérakhote 6b.
- Le Tour et le Choul'khane Aroukh, Ora'h 'Hayim 579.